jeudi 24 avril 2008

Conclusion




Toutes les croyances magiques corses sont bien antérieures au christianisme. Roccu Multedo nous dit qu’elles feraient partie « du groupe sémitique, comme les tziganes, pour lequel la maladie ou la mort sont causées par des puissances occultes ( divinités, démons) alors que la pathologie grecque appartient au « Fatum » (malheur, destin, hasard) et n’est pas personnalisée. » Carine Adolfini Bianconi nous démontre la même chose, en faisant le parallèle avec la Mésopotamie.
Une constance se dégage de toutes ces croyances : le corse éprouve le besoin de se tourner vers l’au-delà et d’affirmer « c’è qualcosa ». Son esprit est marqué par un mysticisme non chrétien, que le christianisme n’a pu effacer, au contraire il l’a renforcé.
Le peuple corse a reconnu le Christ comme le messie, le fils de Dieu, parce qu’il représentait tous les symboles auxquels il croyait avant sa venue. Il est normal que suite à la franciscanisation de l’Ile le peuple corse ait façonné son âme autour de la passion, de la croix et de la mort. Il sait que la mort n’est jamais naturelle, qu’elle est le fait d’un autre, vivant ou invisible. Le grand mystère de la mort garde toute sa puissance de fantastique et d’horreur. Il est essentiellement religieux, placé en même temps sous la protection du soleil et de la lune, pour lui le travail de la terre et du métal est sacré. Il a appris à tenir sa langue, à maîtriser son œil et cela a forgé sa mentalité. Il a su créer ses propres limites. Etre chrétien, c’est simplement être un humain. Sur cette terre tout être humain pour lui est un chrétien et il est courant d’entendre dire « un c’é un’anima cristiana ou « d’hé cristianu anc’ellu ».
Cette culture unique qui a survécu des millénaires, qui s’est transmise oralement jusqu’à nos jours malgré les invasions, les colonisations, qui, fait unique au monde, a intégré le christianisme comme l’aboutissement de ses croyances, semble de plus en plus menacée par la déchristianisation de toute l’Europe qui nous entraîne vers la perte de nos valeurs.
Il est urgent de sauver notre âme, de retrouver cet équilibre entre le haut et le bas, de redevenir l’homme juste, droit et stable « u stantaru » afin de continuer a transmettre aux nouvelles générations cette force intérieure, cette divinité première sans nom, sans représentation et contre laquelle aucun recours n’est possible, ce « c’hé qualcosa » qui a fortement imprimé notre caractère et nous a permis de traverser les millénaires, afin que le peuple corse continue d’exister.

Aucun commentaire: